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A partir du 7 avril 2013, Palazzo Grassi présente l’exposition personnelle Rudolf Stingel, conçue par l’artiste lui-même

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L’artiste a eu carte blanche pour investir la Fondation Pinault sur la lagune. Un choc visuel et esthétique déroutant et fascinant.

Imaginez le sol et les murs des 5 000 mètres carrés du Palazzo Grassi recouverts d’une reproduction d’un tapis azerbaïdjanais aux dominantes rouges et noires. Les lignes de fuite ne sont pas droites, les courbes ne sont pas courbes…, à moins que ce ne soient les murs du majestueux palais du XVIIIe siècle qui soient de guingois ? Éparpillés sur ces parois caparaçonnées, des tableaux, souvent de petite taille, gris, argentés et blancs, aux motifs simples. L’infiniment petit s’entrechoque avec l’infiniment grand. Le visiteur perd ses repères, ses yeux lui jouent des tours, il se sent parfois oppressé devant ces proportions inhabituelles.

Stingel, un habitué de Venise

Rudolf Stingel est né à Merano dans le nord de l’Italie, comme la future impératrice Sissi. Il est donc presque chez lui à Venise. Et plus encore à la Fondation Pinault où il est accroché presque sans interruption depuis 2006, notamment pour les expositions « Where Are We Going », « Mapping the Studio » et « Le monde vous appartient ».

Mais, cette fois-ci, le maître des lieux François Pinault (propriétaire du Point) et Martin Béthenod, l’administrateur général, lui ont confié les clefs de leur saint des saints. Durant un an, l’artiste, qui vit à New York, s’est rendu sur place à de multiples reprises. Et puis, un jour, la lumière a jailli. Il fait fabriquer en Allemagne les 7 500 mètres carrés de moquette nécessaires à son installation, en respectant scrupuleusement les défauts de son tapis modèle : l’usure, les dégradés de couleurs, de même que les couleurs dégradées ainsi que les imperfections du tissage qui font la personnalité et l’authenticité du travail artisanal.

Une authenticité qui s’exprime magistralement dans les peintures figuratives de l’artiste, d’un réalisme troublant. En témoigne le portrait de son ami l’artiste autrichien Franz West, décédé il y a deux ans. Accrochée dans la plus belle salle du Palazzo, cette peinture rend hommage à un ami immortalisé en pleine force de l’âge. Dans la salle adjacente, le portrait d’un squelette chevauchant un lion décharné rappelle, par contraste, les ravages du temps et souligne ce que l’existence a d’éphémère, et les sentiments d’éternel.

Il rapetisse le grand et agrandit le petit

En réalité, cette exposition « intranquille » ne se laisse apprivoiser qu’en étant contemplée sous tous ses angles. Ce n’est que du balcon du second étage que l’on peut prendre la mesure du tapis géant de l’atrium. Ce n’est qu’en avançant et en reculant sans cesse, en face des tableaux négligemment mais savamment accrochés sur les murs tapissés, que l’on comprend l’ambition de Stingel. Il veut jouer avec nous, abolir les perspectives, rapetisser le grand, agrandir le petit, colorer le sombre et assombrir la couleur.

Cette exposition sera l’un des points forts de la Biennale d’art contemporain qui ouvre ses portes le 1er juin en même temps que la nouvelle exposition de la Pointe de la Douane : « Prima Materia ». Un dialogue entre le mouvement japonais Mono-ha et son contemporain italien l’Arte Povera.

Plus d’informations et d’images sur www.palazzograssi.it

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